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LORGNETTE ALSACIENNE
3 octobre 2020

Notre campagne n’est pas votre terrain de jeux sans règle !

les DNA communiquent: 

Le panneau est installé depuis une dizaine de jours place du Weier, au cœur de Muhlbach dans la vallée de Munster.

Photo L’Alsace /Hervé KIELWASSER

« Attention, vous êtes en campagne », avertit la mairie de Muhlbach-sur-Munster sur un panneau installé place du Weier. Ceux qui exècrent le chant du coq, le meuglement des vaches ou les moteurs des tracteurs sont prévenus.

Muhlbach, ses 800 habitants au pied du Gaschney, ses deux clochers qui sonnent régulièrement, ses coqs qui chantent tôt le matin même le week-end, ses troupeaux qui paissent dans les prés, ses vosgiennes avec des cloches autour du cou, ses agriculteurs qui travaillent aux champs sur des engins, ses artisans qui cherchent à pérenniser leur activité, ses associations qui créent du lien, ses chalets qui poussent sur les pentes pour les amoureux de nature…

Au cœur du village, un panneau tricolore plante le décor et rappelle quelques évidences. La fin du message, cinglante, met en garde ceux qui voudraient changer, ou ébranler, cette identité rurale immémoriale. « Si vous ne supportez pas les bruits de campagne d’un village, c’est votre droit. Si vous ne supportez pas que d’autres puissent profiter de notre environnement, c’est votre droit. Mais respectez ces lieux et les personnes qui y sont habituées… »

À l’origine du projet, le maire de Muhlbach, Patrick Althusser, évoque une opération de « sensibilisation » face aux litiges croissants. « Partout en France, on entend ces histoires de nouveaux résidents qui partent en croisade contre tout ce qui fait pourtant la beauté de la campagne, les coqs, les cloches, les vaches, les tracteurs… », remarque l’élu. Même énoncée « gentiment », il tenait à cette piqûre de rappel.

Le message a été parfaitement reçu sur les réseaux sociaux, avec des commentaires approbateurs en cascade et une centaine de partages : « Félicitations pour cette initiative qui honore notre ruralité », « A bon entendeur », « Merci, protégeons et valorisons notre patrimoine »… Le maire rappelle cependant que tout le monde est bienvenu dans la campagne, à condition d’accepter « ses bruits et ses odeurs », la clé du « bien vivre ensemble ».

Depuis le 30 janvier, la donne a complètement changé. Une loi a inscrit le chant des gallinacés ou l’odeur du moût du raisin au patrimoine sensoriel rural. Elle a fait l’objet d’un consensus rare, à la fois parlementaire et gouvernemental. Cette révolution juridique n’empêche pas pour autant un voisin à l’ouïe fine d’attaquer en justice les cloches des églises ou le tracteur du voisin, mais donne un avantage aux ruraux dans la décision.

Auparavant, les situations parfois surréalistes, souvent grotesques, s’étaient multipliées dans le pays. Le maire d’un village de Haute-Savoie avait signé un arrêté pour autoriser les coqs à chanter sur son ban communal. En Gironde, un autre élu avait tenté d’inscrire les bruits de la campagne au « patrimoine national ». Tandis qu’un village gardois avait installé, comme à Muhlbach, un panneau pour inviter ceux qui ne supportent pas le quotidien de la campagne à ne surtout pas rester.

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