Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LORGNETTE ALSACIENNE
24 mars 2021

Un temps révolu mais pas sans honte !


Les DNA donne la paroles.
« Je ne me suis jamais laissé faire »
Propos recueillis par N. C.
Photo Nanda Gonzague/Calmann-Lévy
Hélène Legrais, auteure de Nous étions trois (Calmann-Lévy)

Pionnière à la radio du journalisme sportif au féminin, dans les années 80, vous avez vécu le sexisme ?

Quand je suis rentrée à France Inter, recrutée par Pierre Loctin, le chef du service des sports, c’était la révolution. Nous avons bousculé pas mal de monde, car nous étions les premières. Nathalie de Broc, Marianne Mako et moi ne sommes pas arrivées dans une position féministe, en se disant qu’on allait faire tomber un bastion du patriarcat. On voulait faire du journalisme sportif et il fallait absolument asseoir notre crédibilité. Nous nous sommes retrouvées comme des combattantes, car il a fallu se faire accepter et démontrer que l’on tenait le choc.

Avez-vous souffert face à ce sexisme, qui peut prendre des formes violentes ?

C’était une autre époque. On ne se rendait pas compte que ce sexisme était grave et j’étais sans doute naïve, mais je n’en ai pas souffert. On nous avait ouvert la porte et nous voulions avoir notre place. On avait des remarques sur notre manque de légitimité, en tant que journaliste sportive, et des remarques salaces, mais on ne s’est pas laissé faire. Il y avait des gros beaufs, crados, qui étaient ceux qui parlaient le plus fort et avaient le pouvoir. On ripostait par l’humour, on savait qu’on n’était pas les bienvenues, alors on se serrait les coudes entre filles et on y allait à la machette, façon  Indiana Jones.

Avez-vous été victime vous-même de ces attitudes inappropriées qu’on reproche aujourd’hui à Pierre Ménès ?

Un jour, un journaliste des sports m’avait appelée dans son bureau. Comme je me méfiais, j’étais passée dans le bureau du service économie et je me suis faite accompagner par un collègue. Quand nous avons ouvert la porte, le collègue des sports était déshabillé. J’avais eu raison de me méfier. Je lui ai montré que j’avais du répondant, après quoi j’étais tranquille.

Pensez-vous que l’affaire Ménès fasse enfin bouger les choses ?

Les femmes ont raison de dire que cela suffit, que ça ne peut plus continuer ainsi. Il n’est pas normal que les femmes continuent à subir ce sexisme : c’est dramatique. À mon époque, les hommes se croyaient impunis, mais aujourd’hui, c’est fini. Et quand j’entends Pierre Ménès, cette impudence m’estomaque ! J’ai débuté en 1984, et plus de 35 ans après, cela n’a pas évolué !

C’est d’ailleurs une remarque sexiste d’un journaliste de foot sur M6, en 2018, qui m’a poussée à écrire mon roman autobiographique, Nous étions trois , sur mes débuts de journaliste sportif, alors que je ne me raconte jamais dans les livres. Il faut que les choses changent.



Publicité
Publicité
Commentaires
LORGNETTE ALSACIENNE
  • Observations d'un jour. Citoyen dans un monde bouleversé souhaitant conserver une démocratie où la civilité serait à nouveau enseignée dès le plus jeune âge pour que le vivre ensemble soit conservé comme la majorité le souhaite au plus profond de nous tous
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Visiteurs
Depuis la création 102 317
Albums Photos
Pages
LORGNETTE ALSACIENNE
Derniers commentaires
Newsletter
Publicité