2020 l’année de la Covid 19 et de l’appel à l’industrie pour contribuer à la production de masques de protection médicale.
Quel souvenir en garderont les industriels qui ont converti leur outil en un temps record afin de contribuer à l’effort.
Pensez-vous qu’ils se proposeront une nouvelle fois si un nouvel appel du genre devait être lancé ?
A voir les articles des DNA, on peut en douter en parcourant les témoignages de LABONAL, TISSAGES de Charlieu, etc....
Une attitude de nos institutions qui fait froid dans le dos lorsque l’on apprend que l’on préfère importer et laisser choir ceux qui se sont dévoués pour répondre à l´appel du gouvernement
Les DNA du 10 juin communiquent:
À Charlieu, « il n’y a plus de commandes »
Muriel CATALANO
Eric Boël a été l’un des premiers à mobiliser le savoir-faire de sa PME, les Tissages de Charlieu dans la Loire, pour développer une production de masques. Il a même investi dans de nouveaux métiers. Mais la demande commence à se tarir.
Ce lundi, dans l’enceinte de la PME, c’est calme. Le brouhaha mécanique des métiers à tisser résonne encore. Mais ils ne trépignent plus autant que depuis le début de la crise sanitaire où les 60 métiers tournaient en continu. Ils ne sont plus que cinq à battre la mesure pour tisser des masques. Des dix nouvelles machines achetées un million d’euros pour produire de nouveaux modèles, quelques-unes engloutissent des mètres de tissu, les autres sont encore enroulées de scotchs. « Il n’y a plus de commandes » soupire Eric Boël, le PDG. Ou peu. Il y a trois mois, le carnet débordait.
• Un million de masques invendus
Plus de 15 millions de masques sont sortis de ces ateliers où s’accumulent des stocks d’invendus. « Un million », a calculé Eric Boël. Spécialisée dans la fabrication de tissus pour la mode, son entreprise a été l’une des premières à réorganiser à la hâte son unité de production.
Sans même attendre que la Direction générale de l’armement rende son avis sur les 40 prototypes qu’elle lui avait déposés, parce qu’il y avait urgence à équiper les soignants qui les appelaient au secours, elle s’est mise à fabriquer des masques. « J’étais convaincu qu’il nous faudrait 10 jours pour en réaliser 100 000, en 48 heures, l’objectif était atteint avec des masques présentant 99 % de filtration et deux fois la norme de respirabilité. En dix jours, nous atteignions les 200 000 masques par jour. Les 70 salariés de l’entreprise se sont mobilisés 24 heures/24, 7 jours sur 7. Nous avons vécu un moment de grâce », raconte Eric Boël qui a du mal à réprimer son émotion.
L’homme n’a ni colère ni déception mais dresse ce constat amer. « Dans son allocution du 16 mars, Emmanuel Macron a dit que nous avions perdu notre souveraineté. En deux mois, l’industrie textile française, broyée pendant 40 ans de mondialisation, a montré qu’elle savait être là et qu’on pouvait reconquérir cette souveraineté. Ce qui s’est passé avec cette crise, cet élan des entreprises textiles, cette générosité de nos salariés, ce serait un drame si ça s’arrêtait là. Si la conclusion de tout ça se résume à “c’est bien, on a fait appel à vous, vous vous êtes défoncés, merci, au revoir et à bientôt, on a trouvé ce qu’il nous faut en Chine ou au Vietnam”... Ce qui est fâcheux, c’est que de grandes collectivités, des distributeurs soient allées chercher des masques à l’autre bout de la planète. »
Eric Boël n’a pas perdu le fil dans cette histoire. Sa petite usine a repris sa production habituelle pour l’habillement féminin et continue à fournir des masques, des nouveaux, en coton biologique. Elle planche sur des modèles « plus sympas esthétiquement qui donneront l’envie aux gens de se protéger. »