AVC et particules

des DNA

La pollution de l’air explique-t-elle le boom du nombre d’AVC en Alsace ? C’est la question soulevée lors d’un colloque organisé par le Réseau environnement santé (RES), spécialiste dans les risques sanitaires.

Comme il avait lancé l’alerte sur le bisphénol A, le Réseau Environnement Santé (RES) s’inquiète de l’effet de la pollution de l’air sur les AVC. Pour la première fois en France, un colloque étudiera ce lien à Strasbourg le 27 novembre.

Il se déroule en Alsace, région particulièrement concernée par le problème puisqu’elle est celle en France ayant connu le plus grand nombre de nouveaux cas d’AVC invalidants de 1997 à 2014. Ce taux a été multiplié par 4,2 sur cette période.

« Pourquoi l’Alsace connaît-elle une telle progression ? Pourquoi les jeunes sont les plus concernés ? On ne peut pas rester devant ces chiffres et ne rien faire », s’alarme André Cicolella, président du RES, à l’origine du colloque.

Le docteur Thomas Bourdrel, président du collectif Strasbourg Respire et intervenant du colloque, répond par un constat : « On sait désormais que l’AVC est la première cause de mortalité due à la pollution de l’air dans le monde. Le taux d’AVC explose dans le Bas-Rhin et à Strasbourg, plus que dans le Haut-Rhin moins pollué. Dans d’autres régions peu polluées, comme le Gers, le taux d’AVC ne bouge pas. »

De nombreuses études démontrent la nocivité sur le système cardiovasculaire des NO ^x (oxydes d’azote) et des HAP (les hydrocarbures aromatiques polycycliques), des particules ultrafines, rejetées par les moteurs diesel. En 2014, l’une d’entre elles a suivi 300 000 Européens, dont une partie de Strasbourgeois. « On constate qu’un taux de particules fines qui augmente seulement de 5 microgrammes par mètre cube augmente le risque d’AVC de 19 %. On voit qu’une exposition de quelques jours voire seulement de quelques heures augmente déjà le risque de 5 % », continue le médecin. De la même manière, le diabète et l’hypertension qui comptent parmi les facteurs de risque d’AVC, sont favorisés « par les perturbateurs endocriniens que l’on retrouve dans certains pesticides et dans les émissions industrielles des incinérateurs qui contiennent des dioxines bromées. »

Les causes environnementales sont réelles avec le rôle toxique des particules fines émises par la combustion des chauffages et du trafic routier qui augmente en hiver. À cela s’ajoutent en Alsace un risque génétique accru, une alimentation riche, ainsi que la consommation d’alcool et de tabac.

« La santé environnementale n’a pas la place qu’elle devrait avoir », regrette André Cicolella. « Il y a une omerta sur le sujet, on n’arrive pas à mobiliser les autorités. Ça me fait penser à l’histoire des bébés nés sans bras, pour lesquels les autorités de santé ne veulent pas s’inquiéter », analyse Thomas Bourdrel. Le médecin affirme également que si la mortalité due aux AVC diminue, « le nombre de personnes touchées augmente bel et bien, et les séquelles sont graves. »

« Le lien entre maladies cardiovasculaires et pollution de l’air est le lien de causalité le mieux démontré au plan international et paradoxalement le moins connu des médecins en France. » Alors qu’en septembre, l’ONU a qualifié l’AVC de première maladie environnementale et de « défi mondial d’ampleur endémique », au cours de son assemblée générale à New York.

En France, la prise de conscience est lente, même si la ville de Strasbourg s’est engagée avec la charte « Villes et territoires sans perturbateurs endocriniens ». André Cicolella prévient : « J’attends que les acteurs institutionnels présents à ce colloque, comme la CPAM, réagissent à ces données et s’engagent enfin à agir ».

Mardi 27 novembre, de 13 h 30 à 18 h, centre Marcel-Marceau, 5 place Albert Schweitzer à Strasbourg.

Entrée libre, réservation possible sur www.helloasso.com